Randonnées d’automne (1929)

jeudi 31 octobre 2024, par velovi


Velocio, Le Cycliste, Nov.dec. 1929, p.99-103, Source Archives départementales de la Loire, cote IJ871/4

A la Toussaint, un pont de trois jours, le temps d’aller serrer la main à nos amis du Midi, jusqu’à Marseille... Pluie et vent nous en empêchèrent. C’eût été pourtant une belle occasion d’essayer sur 600 km. nos trottinettes, dont trois exemplaires trottent déjà, et avec quel succès  ! dans notre ville. Seul le bouillant L... brava les éléments, et on le vit une fois de plus dans la vallée du Rhône, sur ma «  Vieille gloire  ».
Ensuite, fête de la Saint-Martin, fêtes de l’armistice, deux jours de liberté et du beau temps en perspective. Seulement, les jours sont courts, nous devrons nous contenter du proche Midi. Le but de notre randonnée automnale sera donc la Trappe d’Aiguebelle, mais nos trottinettes n’en seront pas  ; ce qu’elles veulent, c’est le grand voyage du Midi, qui couronna toujours les épreuves de toutes mes nouvelles montures, et auquel elles ont droit  ; maintenant qu’elles ont le certificat d’études, il leur faut le bac, et tout ce qui ressemble à une simple promenade ne les intéresse pas.
Aucune publicité ne fut faite autour de notre projet, et pourtant nous nous trouvâmes (hasard ou télépathie) quatorze cyclotouristes, le 10 novembre, à l’hôtellerie de la Trappe, un vrai petit meeting. Quatre venaient de Montpellier, trois de Maillane ou d’Arles, et nous étions sept Stéphanois venus chacun de son côté, les uns par la montagne, les autres par Givors. Pour moi qui ne puis pas rouler la nuit, j’étais allé par le premier train jusqu’à Givors, et j’en revins également par le train, le lendemain soir  ; c’est une excellente combinaison.

Je quittai donc Givors à 6 heures et quart, avec, devant moi, un ruban de 152 km. de routes faciles. Je devais trouver à la descente du train deux compagnons venus par la route, mais je n’en trouvai point, je les crus derrière, ils étaient devant  ; cela n’avait d’ailleurs aucune importance  ; le rendez-vous général était, de 14 à 16 heures, à Aiguebelle.
Il avait plu la veille, il avait plu la nuit, la route était mouillée et le ciel brumeux, le vent nul et parfois contraire. J’ai ma Ballon n° 2, à cadre ouvert, pneus façon mains, trois vitesses : 6 m. 50, 5 m. et 3 rn. 30, par flottante. Comme d’habitude, j’emporte une enveloppe et une chambre de rechange, et je conseille à tous les ballonnistes d’en faire autant, car il est vain d’espérer pouvoir se ravitailler en pneus en cours de route, pas plus en B qu’en C. Une enveloppe roulée convenablement sur elle-même en une couronne de 30 cm. et fixée sur le garde-boue, sous la selle, occupe peu de place, ne me gêne pas et me sert même de porte-bagage. Jusqu’ici, je n’avais jamais eu besoin de m’en servir, mais cette fois je fus bien aise de la trouver, après une fâcheuse collision avec un tesson de bouteille qui, aux environs de Montélimar, trancha net mon pneu avant : chambre et enveloppe furent entaillées de 8 cm. et ne pouvaient être réparées sur place.
La route de la rive droite, que j’avais vue si détestable il y a quelques années, est devenue parfaite, et filer là-dessus à 25 à l’heure avec 6 m. 50, ce n’est même pas aller vite. Nous n’avons plus rien à envier à ces belles routes macadamisées d’avant les automobiles, qui permirent les grandes randonnées de L’École stéphanoise, quand Thorsonnax reliait Lyon à Nice en vingt-quatre heures : que Bussod faisait, en dix-sept heures, Lvon-Lautaret-Lyon, et Dupuy, Saint-Etienne-Genève-Saint-Etienne dans une petite journée. La seule différence, c’est qu’aujourd’hui les routes sont noires au lieu d’être blanches, et que nos machines ne rapportent plus du Midi la preuve manifeste de leur voyage qu’était pour elles la poussière tenace, caractéristique des routes rhodaniennes, qui se collait partout.
Je venais de dépasser Sainte-Colombe, quand je croise un tandem  ; ce sont deux abonnés du Cycliste qui ont pédalé toute la nuit pour aller d’Alès à Saint-Étienne à l’occasion de la Semaine du Cycle. Nous causons un instant, ils sont enchantés du tandem, qui leur permet de faire sans fatigue de longues randonnées  ; ils rentreront demain de St-Etienne à Alès, également par la route, voyageant ainsi à très peu de frais et très agréablement. La vogue du tandem croît en France de plus en plus  ; en Angleterre, elle est phénoménale.
Je m’applique à pédaler régulièrement, heureux de pouvoir quitter la route des yeux et m’absorber dans les souvenirs qui se lèvent à chaque tournant. Çà et là cependant, quelques réparations me rappellent à l’ordre  ; à Condrieu, à Serrières, j’aborde en vitesse un sol boueux et dérapant où il faut ouvrir l’œil  ; le raidillon de Saint-Pierre-de-Bœuf me surprend
et me paraît dur avec mon grand développement. Je suis à Andance à 8 h. 4, à la bifurcation de la route n° 82, qui vient de Saint-Étienne par le col des Grands-Bois, et enfin à Valence, devant la gare, à 10 h. 40. J’ai déjà pédalé dans quatre départements : de 23 à 24 km. dans le Rhône  ; de 11 à 12 km. dans la Loire, 37 dans l’Ardèche et 20 dans, la Drôme. Ma moyenne s’est maintenue à 20 à l’heure  ; sans vent favorable, c’est du bon transport  ; avec vent favorable, on pourrait faire cette demi-étape à 25 à l’heure. Avouez que la bicyclette est un merveilleux outil de transport, rapidéconommohygiénique. Je me suis, pendant quatre heures et demie, oxygéné à fond les poumons, cela ne m’a pas coûté un centime  ; l’exercice modéré que j’ai fait, la sudation légère qui l’a accompagné ont débarrassé l’organisme de pas mal de toxines et ma vitalité en a été intensifiée  ; cela non plus ne m’a pas coûté un centime, aussi ai-je fait le pari d’aller, l’an prochain, de Saint-Étienne à Marseille sans dépenser plus de vingt sous, et d’y arriver mieux portant qu’au départ.
Je trouve à Valence un premier groupe de deux cyclotouristes stéphanois, partis de Saint-Étienne à 3 heures et qui ont fait comme moi, mais par la route, le tour par Givors  ; ils ont déjà 130 km. dans les jambes, ils viennent de déjeuner et je repars avec eux à 11 heures, après m’être lesté d’un solide café au lait et de cinq croissants de belle taille, de quoi aller sans récidiver jusqu’à la Trappe, qui n’est plus qu’à 62 km.
Les 44 km. qui séparent Valence de Montélimar sont faciles et amusants par les légers vallonnements qu’on y trouve, surtout après Loriol et qui se terminent par des descentes faibles en ligne droite, que l’on négocie avec mistral dans le dos à des allures vertigineuses  ; ils m’ont toujours plu beaucoup, d’autant plus que le paysage, toujours après Loriol, retient agréablement les yeux. Aujourd’hui, le mistral est bouclé par Eole dans les cavernes profondes  ; seul, un très faible vent du midi nous retarde un peu et nous rafraîchit. Le soleil a percé le plafond brumeux qui jusqu’à Valence avait attristé la nature, et le beau temps était assuré, tout au moins pour la soirée. Nous ne pédalions donc qu’avec plus d’entrain derrière un jeune cycliste qui se démenait comme un diable pour conserver entre lui et nous une bonne distance. Mais nous étions trois et nous pouvions nous mener le train, tandis qu’il était seul à lutter contre le vent , il fut donc rattrapé avant Livron, où il s’arrêta. Ce petit incident nous avait mis en train, et nous arrivâmes à Montélimar à 13 h. 10. Mes compagnons auraient pu aller beaucoup plus vite, mais ils avaient tenu à régler leur allure sur la mienne. J’ai, toute ma vie, eu la malchance de retarder mes compagnons qui, autrefois, avaient toujours de vingt à vingt-cinq ans de moins que moi et qui aujourd’hui en ont de quarante-cinq à cinquante, ce qui n’améliore pas la situation. C’est pourquoi j’ose de moins en moins demander des compagnons de route, car je sais trop que rien n’est fatigant comme d’être obligé, au cours d’une étape-transport, de freiner constamment son allure pour suivre ou attendre un escargot. Avec les routes actuelles, un jeune cyclotou riste convenablement entraîné et outillé, peut prétendre à une moyenne commerciale de 25 à l’heure entre Lyon ou Saint-Étienne et la mer. Et ce serait démontrer irréfutablement la grande valeur de la bicyclette en tant qu’outil de voyage que de pouvoir, au pied levé, aller de Lyon à Marseille en deux heures, ou à Nice en vingt heures. C’est ce que j’espérais de la jeune génération actuelle quand j’écrivais, il y a un quart de siècle, après avoir posé quelques jalons que je suis forcé de donner encore comme exemple, que nos successeurs feraient beaucoup mieux que nous. Mais l’automobile est venue  ; puis, les gros salaires, 1er profits plus gros encore, les gains faciles de spéculation, la force mécanique mise à la portée de tous, les progrès de la science eux-mêmes ont contribué à rejeter au dernier plan la force humaine qu’on rougira bientôt d’exercer et, d’employer à des fins utiles. On dira d’un homme qu’il a réussi lorsque, par des moyens artificiels, il pourra se faire transporter comme un colis à de longues distances. Il sera resté pour tout le monde un pauvre diable s’il peut s’y transporter par ses propres moyens naturels. Ce que devient dans tout cela la santé du corps et de l’esprit, on s’en rend compte aisément en constatant que pour une population stationnaire, le nombre des médecins, des hôpitaux, des asiles d’aliénés, va progressant de jour en jour et a pour le moins quintuplé depuis cinquante ans.
Nous avons eu pourtant, cette année, en Angleterre. un exemple frappant de l’amélioration de la race cycliste, de l’augmentation de valeur réalisée en vingt ans par le moteur humain. Un cycliste anglais, Rossiter, a pu se transporter de l’extrême sud à l’extrême nord de l’Angleterre, en 61 heures. Il a couvert ainsi 1.385 kilomètres à la moyenne commerciale de 22 km. à l’heure, seul contre les éléments qui ne l’ont pas ménagé, la pluie l’ayant accompagné pendant trente-six heures  ; il n’avait pour l’aider ni l’abri d’un peloton, ni l’émulation que donne la course en compétition, ni les applaudissements des spectateurs. Il faisait purement et simplement du transport à bicyclette dans un but intéressé, je vous l’accorde, avec l’espoir d’en tirer quelque profit, mais sans autre stimulant que sa volonté. Il randonnait comme on randonnait à l’E.S., de 1900 à 1910. Et en randonnant ainsi, Rossiter a battu de six heures et demie, c’est-à-dire de 10 %, du meilleur temps précédent pour la même distance. Voilà le progrès que j’attendais réalisé en Angleterre  ; quand le sera-t-il en France  ? La course en compétition, avec les combinaisons, on peut dire les canailleries qu’elle permet, fausse complètement les résultats, sinon l’épreuve décennale Paris-Brest-Paris, qui se déroulera pour la cinquième fois en 1931, pourrait nous apporter un fait à mettre en parallèle avec celui de Rossiter. Quant au Tour de France, tant qu’on n’en fera qu’une réclame grand orchestre, c’est une plaisanterie. Faire 5.000 km. à la moyenne commerciale de 7 à 8 à l’heure et à grands frais, ne me semble pas une preuve bien convaincante de la supériorité rapidéconommodygiénique de la bicyclette comme outil de transport.
Et si nous revenions à Montélimar  ! où nous venons d’arriver à 13 h. 10, mis, par le repas pris à Valence, en état de continuer sans arrêt jusqu’à la Trappe où nous aurions été à 14 h. si nous n’avions été hélés au passage par le deuxième groupe stéphanois, celui-là même que je devais trouver à Givors à l’arrivée du train. Il aurait pu déjeuner comme nous à Valence. mais il avait préféré pousser jusqu’à Montélimar, où nous le trouvons à table. Nous nous arrêtâmes donc aussi et j’eus la surprise agréable de rencontrer au même instant M. B..., de Montélimar, fidèle abonné du Cycliste, qui nous révéla que le vrai nougat de Montélimar était comme la clairette de Die, de plus en plus introuvable. Il en est sans doute de même des berlingots de Carpentras  ! On ne vous vend plus que des étiquettes, sous lesquelles il n’y a rien de ce qu’elles annoncent. C’est comme le pneu standard : il mesurait à l’origine 38mm, il en mesure aujourd’hui 32, et il devrait être marqué Brise-os plutôt que Standard-route. Il se peut que nous aimions à être trompés, comme le prouverait l’anecdote du professeur de médecine qui, voyant un de ses élèves vendre sur la place publique des flacons d’eau pure en guise de remède, ne put s’empêcher de l’apostropher :
— Non te pudet vulgum sic decipere  ?
— Confiteor, sed parce, Domine, Vulgus decipi vult.
Tune decipiatur  ! conclut le maître en tournant les talons.
Pendant que nous bavardons ainsi devant une tasse de café, en attendant que nos amis aient fini de déjeuner, survient le tandem mixte R..., de Maillane, escorté d’un jeune Arlésien, sympathique trio qui venait de déjeuner à Aiguebelle, où nous le ramenons illico  ; on ne vient pas de si loin pour ne se voir qu’au vol, et nous voulons passer ensemble le plus d’heures possible.
Nous voilà déjà huit  ; les deux derniers Stéphanois n’arriveront qu’à la nuit avec la quadrette montpelliéraine.
Dix-huit kilomètres seulement séparent Montélimar de la Trappe  ; le temps était merveilleux pour la saison  ; ce fut une promenade charmante. Autour, du tandem, évoluaient la bicyclette, et la jeune Thérèse R..., qui est bien la plus enthousiaste cycliste que je connaisse, était l’animatrice de notre groupe. Les projets d’excursions les plus audacieux étaient mis sur le tapis  ; les Alpes et les Pyrénées n’ont qu’à bien se tenir : le Ventoux et le Parpaillon ne sont que taupinières, et il est heureux pour l’Himalaya d’être si loin de nous. La Colite est de plus en plus à la mode parmi nous  ; avec raison d’ailleurs, car la fréquentation des hautes altitudes élève l’âme par l’admiration qui s’en dégage, en même temps que le corps par l’effort salutaire auquel elle l’oblige.
Les trois kilomètres de montée à 6 % après Allan, furent enlevés au pas de charge par les jeunes gens, plus paisiblement par le tandem et par moi-même et, avant de plonger dans le vallon où s’est blottie l’abbaye avec ses dépendances, nous nous arrêtâmes pour jouir d’un panorama impressionnant, qui n’est borné que par les montagnes de l’Ardèche, derrière lesquelles le soleil allait disparaître.
Nous fûmes reçus à bras ouverts par le bon Frère Félix, qui fut certainement le plus navré quand il dut nous appliquer la règle sévère du couvent, qui ne reçoit à la villa des dames que les parentes des religieux  ; si bien qu’a-près le dîner, qui fut comme toujours appétissant et copieux, le tandem mixte dut, escorté par quelques-uns des nôtres, aller jusqu’à Grignan, à onze kilomètres, pour trouver un logement. On dîne heureusement de bonne heure à la Trappe, si bien qu’à 21 heures, l’escorte était déjà de retour. Pendant son absence, nous nous étions promenés autour du couvent où le silence régnait à tel point qu’il en était presque inquiétant, et quand nous passâmes devant la villa des dames, qui est très isolée et assez éloignée pour qu’on y puisse appeler au secours sans être entendu, je me demandais si notre jeune compagne aurait été bien contente de se trouver ainsi abandonnée et si la règle que nous avions trouvée gênante n’avait pas été au contraire, cette fois, très opportune. Non loin de là, trois cierges brûlaient dans une grotte fermée par une grille, devant un autel rustique, et de temps en temps une cloche annonçait quelque phase des prières qui s’élèvent à toute heure de ce coin de terre sanctifié par des siècles d’humilité, de travail et d’abnégation.
Quand nous rentrâmes, le temps paraissait avoir changé, le ciel se découvrait, les nuages inquiétants qui, au crépuscule, nous avaient menacés de pluie et même d’orage, avaient disparu, mais la température devenait plus froide d’heure en heure et le vent du nord se levait, qui n’allait pas tarder à devenir un véritable mistral.
A 7 heures, le lendemain, nous opérions notre jonction avec les tandémistes, levés avant nous et qui nous donnèrent un avant-goût de la force du vent. Il leur avait fallu pédaler même à la descente, pour venir de Grignan à Aiguebelle. Alors, qu’est-ce que nous allions prendre pour remonter à Saint-Étienne  ! Ce pendant, nous donnant l’exemple, M... s’élance le premier, décidé à lutter jusqu’au bout et, de fait, il arriva chez lui à 18 heures, sans s’être aidé du grand frère, ayant eu la bonne idée de remonter par la rive droite, mieux abritée.
Quant aux autres Stéphanois, dont j’étais, nous prîmes tranquillement le train jusqu’à St-Vallier où nous nous séparâmes, mes compagnons préférant rentrer par la montagne, tandis que j’allais à Givors utiliser mon billet de retour. La distance est exactement la même, mais on évite par ce détour la fatigue de la montée, et nous réintégrâmes, tous, nos domiciles respectifs entré 18 heures et 18 h. 1/2, avec nos sacs pleins de boîtes de chocolat et de flacons d’eau de mélisse de la Trappe.
Nos amis de Maillane furent ramenés chez eux tambour battant par le mistral à des allures folles  ; les cyclotouristes de Montpellier, disposant de plus de temps, ne devaient rentrer que plus tard par le chemin des écoliers.
Cette petite excursion automnale termine, pour moi tout au moins, la saison 1929 qui a été, bien remplie, sans pouvoir le comparer à celles d’avant guerre, celle de 1912, par exemple. Mais le poids des ans se fait sentir  ; si je ne parviens pas à le combattre l’an prochain, par la légèreté de mes trottinettes, je finirai par en être écrasé  !
Vélocio.

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