Une expérience (Excursions Juillet 1928)

vendredi 20 mai 2022, par velovi

Le vent avait soufflé en tempête toute la nuit et il était loin de s’être calmé quand nous partîmes, dimanche dernier, à 6 heures. Et la belle excursion projetée se transforma en une course folle à l’aller et un turbin de tous les diables au retour. Quand nous arrivâmes au delà de Balbigny, à l’entrée du chemin de halage, les nuages qui, peu à peu, avaient envahi toute la voûte céleste, crevèrent sur nous. Il fallait rentrer et nous mîmes quatre heures pour remonter les 50 kilomètres que nous avions descendus en deux petites heures.
Ce ne fut donc pas une excursion, mais ce fut une expérience dont j’avais besoin pour être fixé, une bonne fois, sur les avantages et les inconvénients du pignon ovale.
A l’aller, je le trouvai franchement détestable, il m’empêchait de seconder la poussée du vent et de tourner à mon maximum parce que, dès que je passais du grand diamètre, grâce auquel je donnais un puissant élan à ma machine, sur le petit où mon effort devenait insignifiant, je partais en roue libre et ne reprenais le contact qu’en revenant au grand diamètre. Ces tacs-tacs continuels étaient exaspérants, d’autant plus que je voyais mon jeune compagnon filer à des allures vertigineuses et je pouvais difficilement atteindre le 40 à l’heure, alors qu’il se chronométrait des kilomètres en 64 secondes  ! Il avait, il est vrai, un développement de plus de 7 mètres tandis que le mien était de 6 mètres seulement, néanmoins, avec mon ordinaire pignon rond, j’aurais pu garder assez longtemps ma cadence maxima de 120 tours-minute tant le vent y mettait du sien. Le constructeur du pignon ovale m’affirme qu’on se fait, à la longue, à cette façon de pédaler et qu’on arrive à tourner aussi vite avec le pignon long qu’avec le pignon rond  ; je n’y suis pas encore arrivé.
Au retour, j’eus la sensation très nette que le pignon ovale m’aidait sérieusement contre notre allié du matin devenu un rude adversaire. Mon compagnon m’avoua même que, s’il avait été seul, il n’aurait pas marché à l’allure à laquelle je l’entraînais par moments. Enveloppé dans une vaste pèlerine, j’offrais pourtant au vent un excès de surface très nuisible à l’avancement  ; nous avancions quand même et, malgré deux arrêts assez longs, à Montrond où nous rencontrâmes le sympathique président des cyclotouristes lyonnais, à Cuzieu pour causer avec le non moins sympathique président des cyclotouristes stéphanois, nous réintégrions Saint-Étienne avant midi.

Le pignon ovale auquel je reviens, puisque c’est à lui qu’a été consacrée, par la force des circonstances, cette expérience de 100 kilomètres, a donc, comme tant de choses ici-bas, un bon et un mauvais côté et, pour éviter l’un sans renoncer à l’autre, je vais lui juxtaposer, sur ma bicyclette, un pignon rond  ; suivant le cas, je placerai ma chaîne sur l’un ou sur l’autre. Ce me sera même là un excellent moyen de me démontrer si, pour grimper au col des Grands-Bois, l’ovale permet de pousser, sans plus de gêne, un plus grand développement, comme ses auteurs le prétendent, comme j’en ai l’intuition sans en avoir la certitude. S’il en est ainsi, c’est avec un pignon ovale que je prendrai part à la septième journée Vélocio que le Forez Sportif, à qui nous devons cette intéressante manifestation où fraternisent tous les cyclistes des deux sexes et de tout âge, a fixée au 5 août prochain. .

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