Au col des Echarmeaux (Mai-Juin 1922)
« Je soumets aujourd’hui à une première épreuve une nouvelle monture sur laquelle je compte aller parcourir l’itinéraire choisi par le T. C. F. pour son concours de bicyclettes de tourisme en Auvergne. Cette machine n’est qu’une seconde édition, plus confortable, de la randonneuse qui, l’an dernier, me conduisit à la Grave.
Elle a le cadre de la Polycyclette de 1906 dont les fourches peuvent prendre sans en être gênées des pneus de 50mm et n’importe quel dispositif de changement de vitesse depuis le rétro-direct jusqu’au whippet en passant par la polychaîne, le système primitif, la flottante, etc., etc., particularité qui d’ailleurs lui a valu son nom de polycyclette. En la circonstance, c’est en bichaîne-flottante qu’elle est équipée et elle a quatre développements : 3 m., 4 m., 5 m. 25 et 6 m. 90 que je me propose de diminuer tous de dix pour cent en l’honneur du Puy-Mary qui exige bien cette concession. Au lieu des roues de 500 à pneus de 50 dont j’aurais voulu la munir, mais que je n’ai pu obtenir, elle a des roues de 650, des jantes bois et aluminium et des pneus de 42 très souples, qui expliquent un peu mon indulgence pour l’état actuel des routes qu’avec ma randonneuse à pneus de 650 x 35 je trouve exécrable. Je pèse 1.500 grammes de plus, mais, en réalité, j’y gagne par l’augmentation du confortable qui, au cours d’une longue étape, me défend mieux contre la fatigue et augmente mon rendement total, bien qu’à chaque instant elle risque de diminuer mon rendement partiel. J’entends par là qu’avec ma randonneuse je pourrais suivre plus aisément le train de mes amis, mais en me fatigant incomparablement davantage et en diminuant mes chances de terminer honorablement l’étape. Tandis qu’avec cette bonne routière je n’ai pas un instant la velléité de rester dans le groupe ; ne me déplaît d’ailleurs jamais de rester seul tant j’ai l’habitude de pédaler avec mes souvenirs et mes pensées pour tout compagnons. »