Bicyclette N°1 (1903)

jeudi 18 avril 2024, par velovi

RANDONNÉE PASCALE, 1907

«  J’avais moi-même, pour diverses raisons, dont quelques-unes indépendantes de ma volonté, choisi mon no 1 qui date de 1903 et tient le milieu entre la machine à grand confortable et la machine à grand rendement. Elle a des Clincher à talons de 35 m/m très souples, cinq développements  : 7m,40, 5m,30, 4m,30, 3m,30 et 2m,65 interchangeables en marche deux à deux par 2 chaînes du même côté, des garde-boue, deux freins, et elle pèse 16 kilos sans bagages  ; d’ailleurs je ne regrettai pas ce choix, car de tout le voyage je n’eus pas à donner un coup de pompe à mes pneus, pas une goutte d’huile à mes roulements  ; sauf le 2m,65, tous mes développements furent mis à contribution.  »
Vélocio, «  Randonnée pascale  », Le Cycliste, mars 1907, p.41 à 45, Source Archives Départementales de la Loire, cote PER1328_9

EXCURSIONS DU “CYCLISTE”, 3, 4 ET 5 AVRIL 1926

«  Je me suis confié, pour cette excursion de trois jours, à une bicyclette qui date de 1903 et qui me donna, dès sa naissance, la joie des grandes allures, en m’emmenant, en cinq heures, de Saint-Étienne à Digoin (135 km.), ce qui lui valut d’être baptisée mon no 1. Elle fut pour moi la révélation de la machine à grand rendement, car je n’avais monté jusque là que des machines confortables. Je ne tardai pourtant pas à sentir l’épine sous la rose, et les trépidations de ce cadre rigide à l’excès, de ces pneus minuscules gonflés à bloc, me ramenèrent peu à peu vers un type nouveau où le rendement n’excluait pas aussi complètement le confortable, où j’obtenais le premier par la légèreté de l’ensemble et la rigidité de l’arrière-train et le second par les pneus souples et légers de gros calibre jusqu’à 50 et 55mm  ; j’avais dû, pour cela, réduire d’abord à 60 puis à 50 cm. le diamètre des roues. Si bien qu’avec mon n° 5, à roues de 500 x 55, je rééditai, trois ans plus tard, mon record de Digoin en allant de Saint-Étienne à Montélimar (135 km.) en cinq heures, avec vent favorable dans les deux cas.
Mon n° 1 avait pris sa retraite et vieillissait obscurément quand, après avoir passé l’inspection des bicyclettes capables de me conduire au sommet du Ventoux, but de ma randonnée pascale, je constatai qu’aucune d’elles ne répondait aux nécessités de cet itinéraire aussi bien que ce vieux serviteur. Je me hâtai donc de le désempoussiérer, de remplacer un pneu hors d’usage, de m’assurer que le débrayage du changement de vitesse fonctionnait, bref de lui donner tous les petits soins habituels, tout cela un peu trop précipitamment, la veille même du départ. Cette bicyclette, dont il a été souvent question dans Le Cycliste, possède cinq développements ou, pour mieux dire, elle a six jeux de deux vitesses en marche par deux chaînes, à savoir  : 7 m. 30 et 5 m. 30, 7 m. 30 et 4 m. 30, 7 m. 30 et 3 m. 30, 7 m. 30 et 2 m. 60, 5 m. 30 et 3 m. 30 et enfin 5 m. 30 et 2 m. 60. Si dans la vallée du Rhône le vent m’est favorable, le jeu de 7 m. 30 et 4 m. 30 est tout indiqué  ; sur d’assez longs parcours, celui de 7 m. 30 et 5 m. 30 est utilisable, surtout pour négocier à vive allure la plaine monotone derrière un compagnon  ; en deuxième position, on est plus à l’aise avec 7 m. 30 et, si l’on doit mener le train à son tour, 5 m. est préférable  ; on peut même, en emballant avec 5 m., passer soudainement à 7 m. et vivre assez longtemps sur la vitesse acquise pour qu’on n’ait pas besoin de réduire la cadence, d’où notable accroissement de l’allure moyenne. Le jeu de 5 m. 30 et 3 m. 30 est évidemment le plus utile  ; c’est celui qui me conviendra pour les six premiers kilomètres de rampe dure. Les déplacements de chaîne pour passer d’un jeu à l’autre se font en quelques secondes, grâce à un crochet spécial, et les chaînes sont toujours également tendues, sans qu’elles flottent ou qu’elles aient besoin de galopins tendeurs. Mon n° 1 est par excellence l’outil du randonneur dont le moteur doit avoir assez de souplesse pour qu’avec un jeu de deux vitesses en marche bien choisies en vue du travail à effectuer, il puisse pédaler longtemps sans éprouver le besoin de modifier son jeu. Il évite ainsi toute complication, toute résistance passive et tout risque d’être arrêté en cours de route. Même le cas de rupture d’une roue libre n’est pour lui qu’un désagrément et il peut continuer son voyage, car il dispose encore de tous ses développements et se trouve dans le cas des partisans du système primitif (déplacement de la chaîne à la main) que Lyon-Routier et de nombreux cyclotouristes patronnent encore. Ce désagrément me surprit en pleine descente, en arrivant à Andance, sur les bords du Rhône  ; la roue libre de ma chaîne de grande vitesse ne se cassa pas, mais un contre-écrou s’étant dévissé, l’embrayage en grande vitesse ne se fit plus. J’aurais pu m’arrêter et remettre les choses en état, mais j’étais à ce moment accompagné de deux bons déraillistes, parisien et stéphanois, que je ne voulais pas retarder, et je me contentai de placer ma chaîne unique sur 5 m. 30. Comme je prends toute chose de son bon côté, je me dis que j’allais faire une expérience intéressante et me mis à tourner à 80 tours, car nous filions plutôt à 25 qu’à 20 à l’heure.  »
Vélocio, «  Excursions du “Cycliste”  », Le Cycliste, mars-avril 1926, p.22-28, Source Archives Départementales de la Loire, cote IJ871/3

Excursions du Cycliste, mai juin 1926

« J’avais choisi, surtout à cause de ses deux bons freins, mon n° 1 de 1903, à six jeux de deux développements en marche, mais je n’utilisai que le bon jeu moyen, 5 m. 30 et 3 m. 30. Je ne fus pas peu surpris de trouver, entre le Bessat et Graix, d’énormes congères, dont quelques-unes taillées pour le passage des voitures, mesuraient plus d’un mètre de hauteur  ; on se serait cru au Lautaret, et le vent n’était pas chaud, tant s’en faut  ! Le pôle Nord nous rendait sans doute la visite que vient de lui faire Amundsen. »

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