Vélotextes

Miscellanées vélocipédiques

14 vitesses de 1908

« Comme on va sûrement en mettre, car mon compagnon, dans la force de l’âge et bien entraîné, est de ceux qui n’aiment pas traîner sur la route, que j’ai besoin de m’arrêter un certain temps à Anse et que cependant nous tenons à rentrer avant la nuit, je choisis dans mon écurie ma vieille 14 vitesses qui date de 1908 et qui, avec 4 couples de pignons et deux dérailleurs, deux freins et des garde-boue, ne pèse pas moins de 17 kilos en ordre de marche. Certes, j’aimerais mieux qu’elle n’en pesât que 14, qu’elle eût un cadre moins haut qui ne m’obligeât pas à coller ma selle au ras du tube et, enfin, qu’elle eût des pneus extra-souples. »

Bicyclette n°5 (à petites roues de 50 cm)

Bicyclette n°5 (à petites roues de 50 cm)

«  Un peu partout, ma machine liliputienne excite l’étonnement et les cris des enfants. Les Vé  ! Qu’ès aco  ! et autres exclamations provençales me saluaient dans chaque village.  »

Trottinette

Trottinette

«  Je vais donc, dès cette fin de saison, comparer avec méthode, sur mes terrains d’expérience, les résultats que me donne ma Ballon des vieilles gloires qui se caractérise par des roues de 500 à boyaux de 50 et la compression de toutes ses parties, par quoi l’on est arrivé à en réduire le poids à onze kilos et à lui donner l’air d’une trottinette.  »

Touricyclette 1905

Touricyclette 1905

Sur la cote d’Azur (1906)
«  Mon étape-transport se termine à 5 heures devant la gare d’Avignon d’où l’express m’amène à Bandol à midi. Ah ! si j’avais trouvé à Orange ma touricyclette dont la qualité maîtresse est de ne jamais déraper, même dans la boue la plus grasse, je me serais bien moqué du temps, et il est fort probable que, malgré son moindre rendement, cette machine essentiellement confortable m’aurait permis de couvrir en 10 heures les 170 kilom. qui, à Orange, me séparaient encore de Bandol ; je les aurais, il est vrai, couverts en huit heures sur mon n° 5, mais il lui faut, à cette machine à grand (...)

Rétrodirecte

« Je pratique assez fréquemment la rétrodirecte pour pouvoir me dire rétroïste moyen et j’ai remarqué que les muscles qui se fatiguent à rétropédaler sont les mêmes qui se fatiguent à contrepédaler à la descente sur une roue serve, exercice auquel je me livre assez souvent en hiver, de sorte que je n’éprouve jamais ce besoin de me remettre en forme et que je puis à n’importe quel moment faire une promenade d’une centaine de kilomètres en rétrodirecte sans courbature anormale. Car j’ai été, à ses débuts, un partisan convaincu, un emballé du répropédalage et le premier adepte du capitaine Perrache ; j’ai même (...)

État des routes

État des routes

À l’arrivée de la bicyclette, les grandes routes étaient alors désertées au profit du train, seuls les locaux les utilisaient pour de courts trajets. La route était aussi un lieu où pouvaient jouer les enfants, où pouvaient se trouver des animaux de ferme, où pouvait se pratiquer la pétanque. L’état des routes, macadamisées, dépendait de leur entretien, de leurs rechargements, et des conditions météo. Les tractions animales préféraient un sol meuble, les clous y étaient fréquents. Les véhicules motorisés nécessitèrent d’autres exigences, et causèrent d’autres désagréments. La poussière soulevée gênait et les (...)

Bagages

Bagages

«  j’arrimai encore plus solidement mon bagage  ; à l’arrière, le linge de rechange roulé dans la pèlerine et les jambières, plus une sacoche contenant des cartes, du carbure, les burettes d’huile et de pétrole, un peu d’alcool pour mêler à l’eau de ma lanterne à acétylène et l’empêcher de se congeler, accident fréquent en hiver et qui, un certain soir, m’avait fort ennuyé  ; à l’avant, mes deux besaces, qualifiées si justement de mamelles nourricières par Alpinus, contenaient des provisions de bouche suffisantes pour deux jours, cartouches alimentaires faites de riz au lait très sucré et bourré de raisins confits, des chaussons aux pommes, des oranges, des croquignolles, délicieux biscuits aux amandes que fabrique à ses moments perdus et quand ça lui plaît, un confiseur original dont je ne vous donne pas l’adresse, car il y a dix chances contre une que vous n’en obtiendriez même pas de réponse  ; enfin, du chocolat. Vous voyez que pour être végétarien on n’en a pas moins beaucoup de bonnes choses à sa disposition.  »

AMITIÉS

«  À Lunel, dans une rue (et c’était, je crois, la rue principale) large comme un mouchoir de poche, ce qui permettait de tendre des toiles-parasol d’une maison à l’autre, nous absorbons un peu de limonade et nous demandons divers renseignements, car une idée est venue à Forest  : il a des amis à Castries, un chef-lieu de canton qui ne doit pas être bien loin de Lunel  ; or, lorsqu’on est si loin de chez soi, et qu’on y est venu en vélocipède, il n’y a rien de charmant comme d’aller surprendre des amis qui tombent des nues en vous voyant arriver en cet équipage et en apprenant que vous venez de faire 300 kilomètres et plus sur ces deux minces roues.  »

Ventoux

Ventoux

«  Le Ventoux est un gros morceau, difficile à avaler. Je le savais, je l’ai écrit maintes fois, et je l’ai trouvé, ce dimanche de Pentecôte, encore plus coriace que je ne m’y attendais. Je ne l’avais pas escaladé depuis 1913, année où, coéquipier de mon ami Ch..., mort des suites de la guerre et dont je me sens plus privé que jamais, je mis quelques belles randonnées à l’actif d’un tandem dont en quelques instants on pouvait faire une bicyclette ou une triplette, voire une quadruplette, et que j’avais conçu pour les besoins des jeunes ménages, qui vont, comme l’on sait, ou qui du moins allaient autrefois, croissant d’année en année et exigent des machines à rallonge, comme la table du chansonnier. »

Baux

«  Les Baux sont toujours pour moi le sujet de longues méditations sur l’instabilité des choses humaines... et sur l’épouvantable violence du mistral (quand le mistral souffle, ce qui n’est point le cas aujourd’hui)  ; nous jouissons d’un temps merveilleux et nous en profitons pour ascensionner les quartiers les plus élevés de la ville... d’autrefois  ; on y a une vue très étendue sur la Crau et par delà, jusqu’à la mer. Par un bon mistral, il serait de la plus grande imprudence de se hasarder dans les ruines du château. Pourquoi, en ce siècle où l’on s’efforce de tirer parti de tout, n’a-t-on pas encore utilisé la force du vent  ? Autrefois, les moindres éminences étaient surmontées de moulins à vent. Ruinés par les grandes minoteries à vapeur, ces moulins ne pourraient-ils pas renaître sous forme de producteurs d’énergie électrique emmagasinée dans des accumulateurs, où on la retrouverait quand on en aurait besoin  ? Combien de chevaux-vapeur dans une journée de mistral  !  »

De Paris à Lannemezan, 1896 (Alcide Bouzigues)

« Me voilà donc à Tours cette fois. Je fus frappé de l’aspect imposant de la ville. Elle s’offrait à moi dans un panorama délicieux et ce ne fut pas sans une douce émotion que je pénétrai dans ses murs. Il me fallut sur-le-champ traverser un pont magnifique qui allait déboucher à l’entrée de l’une des magnifiques rues de la cité. Ce pont de pierre imposait l’admiration autant par sa longueur et sa largeur que par le mouvement accentué qu’il présentait à cette heure. Il était quatre heures de l’après-midi. En outre d’une ligne de tramway qui le traverse, il était sillonné par une foule nombreuse que le beau (...)

La bicyclette du campeur (1927)

La bicyclette du campeur (1927)

«  C’est une bicyclette normale de route à fourche élastique. Le cadre est renforcé par des tubes qui vont du guidon au moyeu arrière et qui permettent aussi de loger le réservoir à pétrole (pour l’alimentation du réchaud) et la bouteille Magondeaux (pour l’éclairage sous la tente). Au-dessus du pédalier  : la boîte d’accumulateurs qui alimente les feux de ville (lanterne avant et feu rouge) et le phare. »

La Grosse Routière (Juillet 1900)

La Grosse Routière (Juillet 1900)

" À côté des chevaux pur sang aux lignes si fines existent les gros chevaux de trait qui sillonnent encore les routes en attendant l’ère définitive des «  autos  ».
Aussi nous semble-t-il utile d’esquisser les points caractéristiques de la Grosse Routière qui est à la jolie machine de course ce que le cheval du fermier est au pur sang. "

Cyclo-tourisme (G. Clément, Février 1922)

«  Rien d’étonnant à ce qu’on rencontre peu de cyclo-touristes. Ils ne font pas de bruit, ne sont jamais par groupes très denses, partout à leur heure, et ont tous des itinéraires variés. Ils peuvent circuler par milliers dans une même région sans que cela s’aperçoive beaucoup.  »

De la manière de voyager. (1889)

De la manière de voyager. (1889)

«  À mon avis, le touriste doit en emporter le moins possible, sans toutefois se priver du nécessaire sous prétexte de poids. 14 à 15 kilog. peuvent paraître exagérés ; mais ceux qui ont l’habitude des longues routes savent qu’en prévision de mauvais temps mieux vaut se munir en conséquence.  »

DE PARIS A VÉLOCIO par Maillane. 1929

DE PARIS A VÉLOCIO par Maillane, Georges Grillot, Le Cycliste
La Journée Vélocio de Saint-Etienne est une belle occasion pour quitter Paris. Pour un peu que l’on s’y prenne comme il faut, elle devient un prétexte de descendre en Provence, terre bénie des cyclotouristes.
C’est pour cette raison que le jeudi 1 août je débarquai de l’express de Paris, dans la bonne ville de Saint-Etienne. J’y connais une foule de gens, tous plus aimables les uns que les autres qui ne manqueraient pas de me retenir aussi, pour ne pas me retarder, je ne demeurai à Saint-Etienne que le strict minimum. Le temps de poser un (...)

Pâques en Provence 1929-1930

« Je le vois encore, coiffé, pour une fois, de sa casquette anglaise, pédalant en sandales sur une machine à pneus ballons, grande nouveauté de l’époque. M. de Vivie, malgré les éléments déchaînés, nous fit néanmoins parcourir une centaine de kilomètres en cinq heures, mais nous déclara, à Orange, qu’il lui paraissait impossible d’atteindre, le soir même, la Sainte-Beaume, qu’il renonçait même à pousser jusque-là. »

La traversée du Massif des Ecrins-Pelvoux est-elle possible avec une bicyclette ?

Le massif des Ecrins-Pelvoux, formidable bastion de roc fauve et de glace, hérissé de pics aux noms prestigieux, n’est traversé par aucune route carrossable. Quelques-unes, à la faveur d’une vallée, s’insinuent jusqu’au cœur de la forteresse, aucune n’arrive à la franchir. Cet énorme quadrilatère dont les tours d’angles sont Bourg-d’Oisans, Briançon, Embrun et Gap, présente, pourtant quelques points vulnérables, où, un jour peut-être, la bicyclette arrivera à passer. Hâtons-nous de dire que l’exploit ne sera pas facile.

DANS LES ALPES avec machine à deux développements (1900)

Berger, «  Dans les Alpes (avec une machine à 2 développements)  », Le Cycliste, 1900, P. 45-51, p.72-76, p.88-94, Source Archives départementales de la Loire cote PER1328_7
J’avais fait dans le cours des années précédentes de nombreuses excursions dans les Alpes dont je suis proche voisin ; mais, malgré la beauté des paysages traversés, j’ai toujours trouvé fatigantes et fastidieuses les longues et dures montées que la plupart du temps, il faut gravir à pied en poussant sa machine lorsque celle-ci est munie d’un développement trop fort et plutôt approprié aux pays plats, ce qui était le cas des machines (...)

Le grand Meaulnes (1913)

«  Du haut des côtes, descendre et s’enfoncer dans le creux des paysages ; découvrir comme à coups d’ailes les lointains de la route qui s’écartent et fleurissent à votre approche, traverser un village dans l’espace d’un instant et l’emporter tout entier d’un coup d’œil... En rêve seulement j’avais connu jusque-là course aussi charmante, aussi légère. Les côtes même me trouvaient plein d’entrain. Car c’était, il faut le dire, le chemin du pays de Meaulnes que je buvais ainsi.  (...)

Les sentiers cyclables des Landes d’Arcachon à Léon

Les sentiers cyclables des Landes d’Arcachon à Léon

Depuis très longtemps, les résiniers de la forêt des Landes, de même que les fonctionnaires des Eaux et Forêts, vaquent à leurs occupations à bicyclette. Il semblerait que le sol, presque exclusivement sablonneux de cette région, doive mal se prêter à ce mode de locomotion. Il n’en est rien dans les endroits où les aiguilles de pins ont formé, en s’accumulant, un épais tapis. Là où ce tapis ne s’est pas formé naturellement, c’est-à-dire partout où les arbres sont jeunes, il a fallu y suppléer par l’apport de ces mêmes aiguilles, d’herbes, de genêts séchés, voire de paille, d’où, sans doute, leur nom de « sentiers paillés ».

Véloce-voie

« Un cycliste qui n’a pas des idées ordinaires, c’est celui qui se cache sous le modeste pseudonyme de Pne. J’ai lu, nous écrit-il, dans un des derniers numéros de la Science Illustrée, un article vélocipédique dans lequel il était question d’un projet de « véloce-voie » sur le bord de certaines routes. J’avais déjà eu une idée à peu près semblable : c’était de faire une voie véloçable sur le futur pont de la Manche ou sur ce qui le remplacera pour aller de France en Angleterre, la dépense serait vite rémunérée par un droit de péage, etc., etc..
Si nous attendions que le pont soit construit, o aimable correspondant ! (...)

Voies cyclables aériennes couvertes (1893)

Un projet de voies cyclables aériennes couvertes en 1893 dans Le Cycle.

Cycle paths (1898)

Cycle paths (1898)

En randonnant (Bouillier)

EN RANDONNANT
J’avais en tête de pousser une pointe vers la mer et cela à grands coups de pédales, avec but de randonnée les Saintes-Marie, en Camargue ; c’est, je crois, ce point de mer le plus rapproché de Saint-Étienne, environ 300 km. D’après mes prévisions, je devais couvrir L’aller-retour dans les 40 heures.
J’avais repéré pour ce raid la fine monture de l’ami A... et je dois à son obligeance d’avoir eu ainsi une machine relativement légère à grand rendement : pneus extra-souples, toiles apparentes, changement Cyclo 3 vitesses, doublé par une deuxième couronne au pédalier. J’enlevai les garde-boue pour (...)

À travers cols

EXTRAIT DE LA COLLECTION « LE CYCLISTE » ANNÉE 1902 (1952, p. 264-265)
Cher Monsieur de Vivie,
Vous me demandez des détails de mon dernier déplacement dans les Alpes. Je serais très heureux de pouvoir vous en fournir, documentés d’heures et de kilomètres, comme vous le désirez. Malheureusement, très habitué à me reposer sur les autres du soin de consulter les bornes et les chronomètres, je n’ai rien de précis sur ce sujet. Cependant, en vous reportant à la carte, vous pourrez juger que les étapes que je vous énumère étaient très ordinaires et devaient me laisser de longues heures d’admiration pour les (...)

Sur la route (1898)

Sur la route (1898)

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POUR LA PETITE HISTOIRE DE LA ROUTE DU PARPAILLON

«  Les années 1929 et 1930 virent un véritable afflux de cyclo-montagnards vers les Alpes en général, et le Parpaillon en particulier. Un fanion spécial était même offert à qui pouvait prouver son passage ; le registre que nous avions déposé à Crévoux se couvrit d’appréciations et de signatures. On peut dire que le fanion du Parpaillon fut le précurseur des B. R. A., R. C. P. et autres brevets de montagne. Il fît beaucoup, à l’époque, pour la cause des grands Cols Alpins.
Puis l’oubli est de nouveau revenu. D’autres années passèrent encore. La route du Parpaillon a 47 ans. Dans quel état se trouve-t-elle ?
Un jour, peut-être, nous la verrons large et bonne, mais elle aura perdu sa solitude, et sur les ruines des bâtiments des chasseurs d’autrefois, s’érigeront, rouges ou vertes, les pompes de la Standard ou de la Texaco. »